Exposition à Paris sur le maître du Siècle d’or hollandais
A quelques mètres de l’Auberge de Jeunesse BVJ LOUVRE à PARIS, le Musée du Louvre présente à partir de mercredi 22 février 2017 une exposition à Paris sur le maître du Siècle d’or hollandais et son époque. Réservation conseillée sur : www.ticketlouvre.fr
On se demandait si c’était vrai. Si « la Laitière » était 100 % pur génie, ou édulcorée par trop de publicité, de colorants dans les reproductions. L’icône de celui qu’on surnomme le Sphinx de Delft, qui voyage d’Amsterdam à Paris pour la première fois depuis 1966, à l’occasion de l’exposition « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre », on a grandi avec, on en a mangé. Soupé ? Du petit pan de mur jaune au petit pot de yoghourt. Vermeer (1632-1675) n’a peint que 36 tableaux mais ils ont été reproduits à des millions d’exemplaires sur tous les supports possibles.
Dans l’expo, on accélère, parce qu’on l’a aperçue au fond d’une des dernières salles, en majesté, sans d’autres tableaux collés à côté pour lui faire de l’ombre. L’ombre et la lumière, tout l’art de Vermeer, qui se servait d’un simple reflet pour suggérer l’arête d’un nez et donner forme à un visage, sa fameuse « manière floue » louée par les historiens de l’art.
Le chef-d’oeuvre « la Laitière »
La vraie « Laitière ». Vous la fixez dans les yeux, elle les baisse. Oubliez les minutes qui passent, et repassez vous en boucle les théories sur le tableau : érotisme suggéré par la chaufferette à ses pieds, par ses formes pleines, ou célébration du geste ancestral d’une servante telle que le peintre en employait pour s’occuper de sa maisonnée ? Laisser les sens en suspens, pour aiguiser la sensation, la rêverie, presque l’hypnose, c’est tout l’art de Vermeer. Un mur gris-blanc le plus épuré et intemporel possible — le peintre y avait d’abord ajouté une carte de géographie qu’il a effacée –, cinq nuances de bleu, le carreau cassé à la fenêtre, où certains ont vu le symbole d’une perte de virginité, voyez comme on s’embrase. Vermeer a 25 ans quand il peint ce chef-d’oeuvre absolu. Il se pose surtout des questions techniques. Peut-être a-t-il utilisé une « camera obscura », chambre obscure qui permettait de « faire le point », ancêtre de la photographie. « On n’a pas de certitude, mais les Hollandais étaient passionnés d’optique. L’inventeur du microscope est né là », pointe le commissaire, Blaise Ducos.
On s’attarde devant ce tableau, mais il n’y en a que 12 de Vermeer au Louvre, ce qui est déjà le tiers de sa production. La rareté nourrit son mythe, comme Léonard de Vinci. Et une exposition à Paris est la rencontre décisive avec deux ou trois oeuvres, une dizaine peut-être, sur les 70 environ présentées, on ne peut pas tout aimer aussi intensément en même temps.
L’exposition le confronte à ses contemporains
Le propos du parcours, brillant mais un peu scolaire, consiste à casser l’image de Vermeer géant solitaire pour le confronter à ses grands contemporains, et montrer que chacun peint les mêmes thèmes, se nourrit des autres, en ce Siècle d’or hollandais au cours duquel « 5 millions de tableaux ont été peints, du jamais-vu », ajoute celui qui est aussi le responsable des peintures hollandaises et flamandes du Louvre. Les artistes de cette République richissime se rencontrent, se défient. « La Laitière » est accrochée en face de « la Cuisinière de village », de Gérard Dou, antérieure, et qui a donné l’idée à Vermeer d’en reprendre le motif pour en abolir toute trivialité, et même tout contexte historique. C’est dur pour Dou. Les carottes de sa cuisinière sont cuites.
Les thèmes et les scènes de genre s’enchaînent comme des chapitres bien rangés de l’histoire de l’art : la lettre d’amour, la toilette, la servante et l’astronome. Dou aussi peint un savant, comme Vermeer. Là, il l’égale presque. Ils se battent pour exister, les Gerard ter Borch, Pieter de Hooch, Metsu et tant d’autres, qui ne font pas tapisserie au Musée du Louvre. « Sans Borch, rien n’est possible. Vermeer n’est pas un génie solitaire ou un éclair dans un ciel d’été », justifie Blaise Ducos. Il a raison et tort. L’auteur de « la Jeune Fille à la perle » et de la « Vue de Delft » — restés à La Haye, on ne peut pas tout avoir — a cherché l’inspiration dans les tableaux de ses pairs. Mais ce qu’il a trouvé, eux n’y ont jamais eu accès. Sa lumière éclaire tout.
Vermeer : 36 tableaux et 11 enfants !
Vermeer est mort à 43 ans, laissant une veuve, 11 enfants et 36 tableaux (37 selon certaines attributions). Les premiers n’apparaissent jamais dans les seconds, alors que les enfants étaient souvent représentés dans la peinture hollandaise de l’époque. C’est l’un des mystères, parmi d’autres, de la vie de Johannes Vermeer (1632-1675), que l’on imagine mal en père de famille débordé, à contempler ses jeunes femmes idéalisées écrivant « la Lettre », exposé au Musée du Louvre, parmi d’autres rêveuses ou musiciennes. Il travaillait pourtant chez lui, dans son atelier du premier étage, à Delft. Si près, si loin des cris de la marmaille au rez-de-chaussée. Vermeer a voulu cette vie. C’est l’homme d’une ville, d’un quartier, d’une maison, selon le mot de l’historien Daniel Arasse.
Converti par amour
Le peintre de l’intériorité n’ira jamais à Rome, contrairement à Rembrandt. Par amour, ce protestant d’origine se convertit au catholicisme pour épouser celle qu’il convoite. Un engagement fort. A Delft, le catholicisme se pratique dans des églises cachées, des maisons, comme celle que représente le peintre dans son « Allégorie de la foi catholique ». On ne sait pas non plus si Mme Vermeer a été son modèle. Lui-même s’est peint une seule fois, de dos…
Il peint très lentement et comme un scénographe
Fils d’un marchand de tableaux, lui-même antiquaire, Vermeer « possède une culture visuelle immense », selon le commissaire de l’exposition Blaise Ducos. Il peint très lentement, environ deux tableaux par an, même si les archives manquent. Dans son splendide « Vermeer » (Citadelles & Mazenod), le plus beau livre à paraître à l’occasion de l’exposition, Jan Blanc indique que le peintre travaillait comme un scénographe : il transforme son atelier en maquette et utilise des mannequins, pour trouver la position parfaite. S’il ne dessine pas, il cherche un point d’équilibre sur la toile, et trace à partir de là de nombreuses diagonales, qui affinent son cadrage.
D’abord célèbre, mort ruiné, Puis oublié pendant des siècles
Sa notoriété grimpe très vite de son vivant : il vend un tableau pour 600 florins, une fortune. Le Sphinx meurt pourtant « d’angoisse, et ruiné », selon Blaise Ducos. A cause de Louis XIV ! La guerre menée par la monarchie de France contre la République des Provinces-Unies, l’actuelle Hollande, assèche le marché de l’art. Sa veuve doit disperser sa poignée de tableaux. Vermeer signait rarement ses oeuvres, et changeait de monogramme. Ce qui explique en partie son oubli pendant deux siècles, avant sa gloire au XXe siècle, notamment grâce à Proust, qui célèbre le « petit pan de mur jaune » — en fait, plutôt la partie d’un toit — de sa « Vue de Delft » dans la « Recherche »… à redécouvrir sans modération à l’occasion d’un voyage à Paris, avec hébergement en Auberges de la Jeunesse, à quelques minutes du Musée du Louvre et des jardins du Palais-Royal : l’auberge de jeunesse BVJ LOUVRE, la première, la plus centrale et la plus parisienne des Auberges de Jeunesse à Paris, pour profiter pleinement de l’exposition à Paris : VERMEER et les MAITRES de la PEINTURE DE GENRE !
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